Paris - Copenhague -  Grenelle de l'environnement -  nucléaire - régime de l'électricité - relations avec les pays en développement, gouvernance mondiale, européenne, nationale, etc.
Une synthèse - septembre 2010 - les évaluation des prix et des coûts sont révisées début 2013

Pour la PPE de 2018 voir ici


Voyez en particulier le débat sur la PPE (2018) ; "la nouvelle géopolitique du carbone" ; la loi NOME, nouvelle organisation du marché de l'électricité ; un impôt sur le nucléaire ? L'Etat, un chef d'orchestre qui ne nous donne pas le "la" : un article paru dans les Echos en avril 2010 ; les objectifs d'isolation thermique ont été fixés sans tenir compte des coûtsle photovoltaïque : un gaspillage enfin dénoncé et chiffré par l'Inspection des finances et le CGIET : des dizaines de milliards d'euros ;  un impôt indépendant du prix du pétrole serait une erreur  


Le monde
- L'épuisement des énergies fossiles ?
Il y en a deux fois trop !
- L'accord de Paris de 2015 : comme prévu dans Trop de pétrole (2007)
- Copenhague : l'issue peut aisément s'expliquer
- CO2 et
géopolitique
- Le coût du CO2 ?   c'est un mauvais indicateur ; seul compte le prix de l'énergie payé par le consommateur
-
Régulation par la demande ou régulation par l'offre  ?
- Si la régulation est faite par l'offre, le CO2 ne vaut rien
- Avec les pays en développement spéculation et arnaque
-
Un critère de coût simple et  indépendant du prix du pétrole
- Pour un marché de CO2 efficace, trois conditions
-
Quels marchés de CO2 peuvent-ils être efficaces ?

L'Europe
- l'Europe de l'énergie  : sur le modèle de l'Europe de la défense ou des accords de Schengen
-
CO2 et géopolitique  : quelle place pour l'Europe ?
La France
- L'Etat chef d'orchestre se trompe parfois de partition et ne nous donne pas le "la" 
- Faute de critère objectif et publié,
la force des lobbies
- L'isolation thermique ? Oui. A tout prix ? Un gaspillage
- Le photovoltaïque ?
Un caprice de gosse de riche
La loi NOME, nouvelle organisation du marché de l'électricité :
- Un impôt indépendant du prix du pétrole serait une erreur
- Augmenter progressivement le prix à la consommation
- le Conseil constitutionnel a eu raison de refuser la loi
- Mettre en balance le nucléaire et l'éolien ? C'est ignorer les ordres de grandeur
- Limiter le nucléaire à la "base" ?
Une erreur de raisonnement ;  quelle capacité nucléaire ? Faites donc votre scénario ; vous conclurez : augmenter la capacité nucléaire
-
Un marché libre de l'électricité augmente les prix de vente
-
Biocarburant ? Aujourd'hui mieux vaudrait que la  biomasse remplace du fioul, qui est du gazole.  Demain,  40 % de notre consommation en améliorant l'environnement - eau, nitrates, phytosanitaires.

Quelques mots sur la morale
La morale dépend du statut de l'acteur  : le monde en général (autrement dit « l’humanité »),  un Etat, un scientifique, un journaliste, un analyste ou un consultant, un groupe de pression non lucratif , une personne privée. Une même personne se trouve souvent dans plusieurs situations ; si elle confond ses propres rôles, incompréhensions et dérapages.

Dans le monde

L'accord de Paris de 2015 
: en 2007, j'écrivais dans Trop de pétrole !  " Des engagement sérieux doivent pouvoir être contôlés dans le court terme. Comme les résultats de politiques sérieuses ne peuvent apparaître que dans le moyen et long terme, les engagements ne peuvent pas porter sur les résultats : ils doivent donc porter sur les moyens, c'est à dire les politiques et mesures" (p. 240). C'est ce qui a été négocié à Paris. Mais ce n'est certes pas la garantie que l'on réussira à limiter à 2°C la hausse de la température !

Après Copenhague :
Un échec ? Comment peut-on avoir pensé que B. Obama se serait engagé sans avoir l'accord de son Congrès ? L'expérience de Kyoto est suffisante sans doute. Qui plus est, B. Obama était sur le point de faire adopter son grand projet sur le financement de la santé ; il n 'allait pas brusquer le Congrès ! Donc, comme il l'a reconnu lui-même, son engagement est en deçà de qui sera nécessaire. Sans engagement significatif des Etats-Unis, comment la Chine pouvait-elle s'engager ? Par ailleurs, on n'est vraiment pas clair sur ce que l'on peut légitimement attendre de pays qui émettent aujourd'hui deux fois moins que l'Allemagne par exemple, comme la Chine, six fois moins comme le Vietnam. Tant que l'on n'aura pas dessiné des trajectoires de développement des pays en développement, on parlera dans le vide. J'y ai travaillé avec le Vietnam  ; le décalage avec nos discours de pays riches est impressionnant. Copenhague montre aussi que la voie d'une négociation à 200 pays dont l'objet est limité à l'effet de serre n'est sans doute pas la bonne. Il sera plus efficace de faire entrer le climat dans une négociations de portée générale entre quelques pays seulement. - voir ci-dessous, CO2 et géopolitique.

L'épuisement des ressources fossiles ?
Une grosse erreur. Pour éviter un réchauffement catastrophique, l'humanité ne devra pas consommer plus de la moitié des ressources en pétrole, gaz ou charbon accessibles à un prix qu’elle est prête à payer ; parler de l'épuisement des ressources fossiles c'est donc supposer que l'on a perdu la bataille contre l'effet de serre ; c’est aussi recommander aux pouvoirs politiques de laisser jouer les marchés concurrentiels (car un marché concurrentiel oriente efficacement l’utilisation de ressources limitées), ce qui nous conduirait à la catastrophe. Parler du « double défi » de l’épuisement des ressources fossiles et de la lutte contre l’effet de serre c’est donc recommander aux gouvernants tout à la fois de laisser jouer le marché et d’intervenir massivement pour ne pas consommer quelque chose d’accessible : une injonction contradictoire. Voir plus de développement ici.

Lutte contre les émissions de CO2 et géopolitique : la régulation par la production bénéficie aux pays exportateurs (Russie, Iran, pays du Golfe, Australie notamment), la régulation par la consommation bénéficiera aux pays importateurs (Union européenne, Japon, nombreux pays en développement) ; les pays qui, ayant maîtrisé leur consommation, seront à peu près autonomes sont indifférents ( Etats-Unis, Brésil, Chine). De quel côté pencheront les pays à peu près autonomes ? Il me semble que c'est un enjeu énorme des prochaines années. Question angoissante : quelle sera la position de l'Union Europénne, de la France dans le rapport en force entre grandes puissances ? Il ne suffira pas de faire de beaux discours ni de prétendre donner l'exemple ! Voir "la nouvelle géopolitique du carbone" (Esprit juin 2010) et ce que nous disons sur ce site.

Le coût, le prix, la valeur du CO2 ? En théorie, cela a un sens : c’est le coût des dommages et celui-ci, dans une situation optimale où les marchés de l’énergie seraient parfaits, est égal au coût du CO2 évité. En pratique, le prix ou le coût du CO2, c'est n'importe quoi ! Les valeurs avancées vont de quelques dollars à plus de 150 $ par tonne de CO2. En pratique, la régulation sera faite en se donnant des limites quantitatives d'émission : pour le monde dans son ensemble (une divisions par deux d’ici 2050 ?), ou par pays, ou par entreprise, ou par groupe d'entreprises. Chaque fois que l'on évite des émissions, il y a un coût du CO2 évité (c'est ce que l'on dépense de plus pour éviter l'émission). Ce coût dépend du prix payé pour la consommation d'énergie fossile : il est plus faible si le prix de l'énergie fossile est plus élevé. Là où il y a une limite d'émission, pour respecter la limite, il faut mener des actions qui évitent des émissions. Le "coût du CO2" est le coût du CO2 évité par la plus chère de ces actions. Le coût du CO2 dépend donc du prix payé pour consommer l'énergie fossile, ce que (à peu près) personne ne dit. La lutte contre l'effet de serre ne peut se faire qu'avec une bonne gouvernance de l'énergie. Cela montre les limites de négociations qui ne portent que sur les émissions. Voir plus de développement ici. Voir aussi les implications géopolitiques.

La régulation des émissions sera faite par les pays consommateurs - c'est ce que tout le monde dit ; est-ce si sûr ? On se réfère à qui mieux mieux au principe du pollueur payeur. Certes, le consommateur "paiera" plus cher que le coût de production. La différence est ce qu'on appelle une "rente". Cette rente est créée par le fait qu'il ne faut pas consommer tout ce qui est accessible. Qui empochera cette rente ? Si le prix de l'énergie fossile est égal à son coût de production et si la régulation est faite par les pays consommateurs, ce son eux qui garderont la rente, avec un impôt sur la consommation d’énergie fossile. Si la régulation est faite par les pays producteurs, ce sont eux qui récupèreront cette rente, soit par un impôt « à la source » soit en contingentant la production. Enjeu : 400 à 600 $ par tep pour 10 milliards de tep soit 4 000 à 6 000 milliards de dollars chaque année. Voir aussi la nouvelle géopolitique du carbone (Esprit, juin 2010). On en avait déjà parlé dans Trop de pétrole !

Si la régulation se fait par les pays producteurs d'énergie fossile, il n'y aura plus de "marché de carbone", la valeur du CO2 sera nulle - donc également l'aide apportée par le mécanisme de développement propre (MDP) par les pays développés aux pays en développement. Le prix de l'énergie fossile montera au niveau qu'il faut pour que la consommation soit égale à l'offre. Pour avoir une aide financière, les pays en développement devront donc se tourner vers le pays producteurs.

Le mécanisme de développement propre (MDP) - ou comment enrichir les spéculateurs aux dépends des pays en développement : un projet MDP mené dans un pays en développement génère un titre qui permettra à une entreprise ou un Etat dont les émissions sont limitées d'émettre un peu plus. Comme le MDP a démarré avant les marchés de CO2, la spéculation est inévitable, la valeur des titres MDP augmentera. C'est à dire que les consommateurs ou les contribuables des pays développés dépenseront beaucoup plus que l'argent qui arrivera dans les pays en développement. Ce ne sera pas la première fois que des spéculateurs s'enrichiront au nom de l'aide au développement ! Et c'est Kyoto et Copenhague qui organisent cela sous la pression de la finance internationale. La spéculation est inévitable ; faisons au moins en sorte que le produit de la spéculation reste dans des caisses publiques ! C’est possible en combinant aide au développement et aide à la lutte contre les émissions de CO2.

Distinguer ce qui est utile et ce qui est trop coûteux : il existe un critère simple et indépendant du prix de l'énergie fossile  : quand une limite d'émission est fixée, une action est trop coûteuse si l'on peut respecter cette limite avec des actions moins coûteuses. La plus coûteuse des actions utiles est moins coûteuse que ce que coûterait la consommation d'énergie fossile si son prix était à un certain niveau - et ce niveau ne dépend pas du prix réel de l'énergie fossile. Il y a donc un critère d'action utile chaque fois qu'il y a une limite d'émission ; le voici : faites tout ce qui coûte moins cher que ce que coûterait l'utilisation de fioul s'il était à FFF €/m3, de gaz si il était à GGG €/MWh, de carburant s'il était à CCC €/MWh.

Comment agir contre l'objectif de réduction des émissions ? En menant des actions inutilement coûteuses : obliger à racheter le photovoltaïque 400 ou 600 €/MWh , 10 à 15 fois plus cher que l'électricité nucléaire ; obliger à réduire la consommation d'énegie de chauffage sans compterle coût marginal qui devient très élevé pour les derniers KWh. Avec les mêmes sommes, il serait possible d'éviter dix  fois plus d'émission de CO2 avec des travaux d'isolation peu coûteux ou avec des réseaux de chaleur chauffés à la biomasse, ou avec des véhicules hybrides rechargeables par exemple.

Pour qu'un marché de permis d'émettre du CO2 donne de bons résultats : trois conditions doivent être réunies. Il faut que les structures du marché soient fixées sur une longue durée, assez longue pour que les décisions prises pour diminuer les émissions aient le temps de faire sentir leurs effets, ce qui demande une trentaine d'années. Deuxième condition : il faut une fontière autour de ce marché pour que les entreprises qui y participent soient protégées de la concurrence inégale des entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes contraintes. Enfin, il faut une bonne police de marché. Voir par exemple cet article dans Le Monde.  Sur un marché bien conçu, le coût de l'énergie pour un acteur du marché dépend de la contrainte et des dépenses à faire pour moins consommer d'énergie fossile ; il est indépendant du prix du pétrole.

Quels sont les marchés de permis d'émettre du CO2 pouvant donner de bons résultats ? Le marché européen a une bonne police mais n'a pas une visibilité suffisamment longue et n'est pas protégé d'une concurrence inégale ; un marché entre nations n'aura pas de police efficace ; il pourrait y avoir des marchés sur une base volontaire, entre entreprises de tout pays appartenant à un même secteur professionnel (la chimie, la sidérurgie, la cimenterie, etc.) à condition que la police soit assurée par les Etats et que tous les Etats s'accordent pour que les participants au marché soient prétégés de la concurrence des entreprises qui n'y participent pas (il suffirait de créer un droit égal au cours du CO2 sur ce marché). Il ne peut donc pas y avoir de marché de permis d'émettre sans l'implication de l'OMC.


En France et dans l'Union européenne

En France, l'Etat chef d'orchestre se trompe (parfois) de partition et ne nous donne pas le "la" : on nous parle d'économiser l'énergie ; erreur de partition : le vrai but est d'éviter des émissions de CO2 ; pour cela il arrivera qu'il soit nécessaire de consommer davantage d'énergie. Et l'Etat ne nous donne pas de critère qui permette de distinguer ce qui est utile de ce qui est trop coûteux. Qu'attend l'Etat pour nous donner un critère d'action utile ? Qu'attend l'Etat pour nous donner les valeurs de référence du prix du fioul, du gaz et du carburant - voir ci-dessus  ?  A mon avis (2013), pour la France le critère de coût de la bonne action climat est celui-ci : "faites tout ce qui serait économiquement intéressant si le fioul coûtait 1400 €/m3TTC, le gaz 140 €/MWh et le gazole 1,8 ou 2 €/l TTC, en commençant par ce qui coûte le moins cher". Ces valeurs correspondent environ à un pétrole à 170 $/bl (avec un euro à 1,3 $), ce qui ne veut certes pas dire qu'il faut attendre que le pétrole soit à ce prix pour agir ! A contraire, diminuons notre demande pour peser sur le prix du pétrole et pour ne pas trop souffrir si le prix du pétrole montait. Pour la biomasse, il y a un second critère : la bonne utilisation du sol : éviter plus de 10 tCO2 par hectare et par an.Lire un article paru dans les Echos en avril 2010 : enfin une solution pour diminuer nos émissions de CO2.

Pourquoi l'Etat ne nous donne-t-il pas de critère d'action utile ? Serait-ce qu'il serait alors obligé de refuser de se plier aux groupes de pression : éolien, biocarburants, photovoltaïque, adeptes de l'isolation thermique totale indépendamment du coût ?

On peut agir efficacement contre la réduction des émissions : il suffit de ne pas choisir les actions les moins coûteuses : en effet, si l 'on choisissait les solutions les moins coûteuses, avec les mêmes moyens financiers il serait possible de réduire davantage les émissions.

Quoi que l'on fasse par ailleurs, une tranche nucléaire EPR de plus, c'est 8 millions de tonnes de CO2 de moins : le nucléaire ce n'est pas moins d'isolation thermique ou moins de biomasse ; c'est moins de CO2. Voici le calcul : un réacteur de 1,6 GW produit 13 TWh électriques ; il remplace une centrale au charbon ou au gaz qui aurait consommé 26 à 30 TWh thermique et aurait émis 6 ou 10 MtCO2

La loi NOME, nouvelle organisation du marché de l'électricité : dans la situation actuelle, sous la pression de la Commission, la loi NOME est un moindre mal. Notons qu'elle maintient le tarif public à la consommation finale et qu'elle an ajoute un autre, à la sortie des centrales nucléaires. Des fournisseurs pourront vendre de l'électricité nucléaire qu'ils n'ont pas produite ni financée. Vont-ils s'approprier la rente nucléaire, ce qui serait injsute ? La loi essaie de l'éviter. S'il y a une rente, il faudra la récupérer par un impôt. Tout cela sent le bricolage (le dire n'est pas critiquer ceux qui s'y sont livrés). Il serait tellement plus simple d'avoir un acheteur-vendeur unique d'électricité ! Voir ici la politique de l'électricité.

Un impôt dépendant ou indépendant du prix du pétrole ? Le "coût du CO2" est parfois vu comme le coût des dommages (donc indépendant du prix du pétrole) ; mais il est légitime d'ajouter le coût des dommages au prix de l'énergie seulement si celui-ci est égal à son coût de production, ce qui, dans la pratique, n'est pas le cas. On dit aussi qu'un impôt dans les pays consommateurs aura un effet sur le prix du pétrole ; il ne faut donc pas le diminuer lorsque le prix du pétrole augmente. Mais, à mon avis, le prix de l'énergie fossile sera le résultat de rapports de forces entre puissances politiques, ce qui va bien au-delà de la politique de réduction des émissions de CO2 (voir ci-dessus). Le prix de l'énergie sera une donnée "exogène" à la politique climat.
D'autres arguments plaident pour que l'impôt dépende du prix du pétrole :
- dès que l'on s'est donné comme objectif de limiter les émissions, il faut porter le prix à la consommation finale à un niveau suffisamment élevé ; ce niveau ne dépend pas du prix de l'énergie fossile ;  il faut donc ajouter un impôt qui en dépend.
- comment imaginer que l'impôt puisse être le même si le prix du pétrole est à 50 $/bl ou à 150 $/bl ?
- le rapport Rocard dit justement que
l'impôt devrait être proche du prix du CO2 sur les marchés de permis ; or celui-ci dépendra du prix du pétrole (voir ci-dessus). Pourtant, en se contredisant, il conclut que l'impôt doit augmenter  indépendamment du prix de l'énergie fossile.
Donc le  Conseil constitutionnel a eu raison de refuser la loi créant l'impôt CO2.
Voir coûts et prix du CO2 ,  signification de ces notions et valeurs,  une réflexion sur la fiscalité de l'énergie et  des commentaires sur la taxe carbone décidée en 2009.

L'impôt CO2 devrait avoir pour fonction d'augmenter progressivement le prix à la consommation finale du gaz, du fioul, du carburant (et de l'électricité produite à partir de gaz ou de charbon), pour les porter jusqu'aux niveaux qui permettent de respecter la limite d'émission. Vu ainsi, l'impôt CO2 dépendra donc du prix mondial de l'énergie fossile.
 
Un impôt calculé pour que le prix à la consommation finale augmente régulièrement  permettra de protéger les investisseurs de l'incertitude sur les fluctuations du prix  du pétrole, ce qui  lèvera un obstacle de taille à l'investissement et à l'innovation. Voir "pour un impôt juste", paru dans les Echos.

Impôt CO2, prix du CO2, aide aux pays en développement : tout est lié : un impôt sur l’énergie fossile n’est nullement incompatible avec un marché de permis d’émettre ; il a comme effet de diminuer le prix du CO2 sur ce marché – donc l’aide apportée aux pays en développement  par le canal du MDP. C’est assez logique : l’impôt CO2 procure à l’Etat du pays développé des moyens financiers qu’il peut utiliser pour aider le pays en développement.

Mettre en balance nucléaire et éolien c'est ignorer les ordres de grandeur ; c'est donc une erreur de jugement. L'alternative est entre nucléaire et charbon ! Même fortement développé l'éolien ne pourrait couvrir qu'une toute petite partie de nos besoins : 20 GW installés remplaceraient 3 tranches nucléaires EPR, moins que la capacité de la centrale de Pallueis, une centrale que n'on ne voit pas à une distance de 200 mètres ! De plus, l'éolien sur terre coûte deux fois plus cher que le nucléaire ; en mer trois fois plus cher. Moins de nucléaire, c'est plus de charbon ; l'électricité au charbon pollue ou, avec séquestration du gaz carbonique, coûte deux ou trois fois plus cher que le nucléaire.

Le photovoltaïque, un caprice de gosse de riche. La production d'électricité à partir de soleil fera certainement des progrès (par photovoltaïque ou concentration de chaleur) ; il faut financer de la recherche pour faire baisser les coûts mais investir aujourd'hui dans le photovoltaïque (payer 600 €/MWh - prix de rprise en 2009 pour le PV intégré au bâti -une électicité dont le coût de production par le nucléaire est inférieur à 60 €/MWh) est un gaspillage inacceptable, une insulte aux pays en développement. Prix de reprise de l'électricité, subventions et crédits d'impôts sont inadmissibles. Le voltaïque coûte en un an aussi cher que le coût total de la construction d'une centrale nucléaire qui produirait autant d'électricité. Le récent rapport du CGIET de de l'Inspection des finances rédigé en 2010 calcule qu'au rythme actuel, le surcoût payé par les consommateurs d'électricité serait de 90 milliards d'euros en quarante an ! Ses propositions limiteront la "casse" à 30 ou 40 milliards sans doute. C'est encore beaucoup trop d'autant plus que le rapport confirme que le photovoltaïque en France aujourd'hui ne sert à rien.

Imposer une limite de consommation par les logements de 50 KWh/m2/an d'énergie primaire : le mieux est l'ennemi du bien, ici pour plusieurs raisons.  1- l'objectif recherché est de dimimnuer la consommation d'énergie fossile, non pas la consommation d'énergie ; l'électricité nucléaire n'émet pas de CO2 ; elle coûte bon marché ; or pour respecter la règle (qui porte sur l'énergie primaire), il faudrait  compter trois unités d'énergie pour une unité d'énergie consommée. Cela ne correspnd à aucune réalité économique ni environnementale puisque l'énergie "primaire" (qui est ici de la chaleur de fission nucléaire) ne coûte partiquement rien et ne crée pas de dommages. 2- Plutôt que de fixer une limite quantitative, il faudrait se fixer un critère de coût ; en effet obliger à prendre des décisions inutilement coûteuses, c'est attenter outrancièrement à la liberté individuelle, et c'est agir contre l'objectif de réduction d'émissions puisque avec les mêmes sommes on n'évitera pas autant d'émission que possible ; c'est aussi construire moins de logements. A mon avis, le coût marginal de l'énergie fossile évitée ne devrait pas être supérieur à 140 €TTC/MWh. 

Dire qu'une centrale nucléaire n'est justifiée que si elle fonctionne "en base", c'est à dire presque sans arrêt est une grossière erreur : en tenant compte de l'effet de serre, une centrale nucléaire exixtante qui ne fonctionnerait que 3000 heures dans l'année (soit moins de 40 % du temps) serait préférable à une centrale au gaz ou au charbon qui fonctionnerait également 3000 heures dans l'année.  voir aussi "qui ne veut pas davantage de nucléaire ; étranges convergences".   On peut voir aussi la politique de l'électricité

En France, augmenter la capacité nucléaire. Même en faisant beaucoup d'économie d'énergie, si l'on cherche à produire de lélectricité au moindre coût, pour répondre à la demande - pompes à chaleur, chauffage et eau chaude électriques hors périodes de pointe,  véhicules électriques et biénergie, production efficace de biocarburant avec énergie extérieure, transferts de procédés industriels vers l'électricité - la capacité nucléaire devra être augmentée de 50 % en trente ou quarante ans. Il suffira pour cela de remplacer nombre pour nombre les centrales existantes. Mais  de tout côté on trouvera des gens qui ne veulent pas d'une augmentation de la capacité nucléaire et l'on découvre de curieuses convergences qui donnent à réfléchir : par exemple un opposant au nucléaire  mène au nom de sa vision de la morale un combat qui enrichit le gestionnaire de fonds carbone.

Le régime de l'électricité : un marché concurrentiel de l’électricité procurerait aux producteurs d’électricité de base des rentes colossales aux dépends de consommateurs : il y aura un petit nombre de producteurs d’électricité de base ; sans avoir besoin de se concerter, ils limiteront la capacité de production en deçà de l’optimum, ce qui créera d’importantes rentes d’oligopole (oligopole à la Cournot). Voir ici  L’Etat doit donc intervenir pour susciter les investissements et fixer des tarifs. Un récent rapport recommande de créer un tarif à la sortie des centrales et de maintenir le tarif à la consommation finale pour les petits consommateurs. Cette proposition a été reprise dans la nouvelle loi NOME? Voir la politique de l'électricité.

Biomasse chaleur ou biocarburant ? La meilleure utilisation de la biomasse est aujourd'hui de la brûler pour le chauffage : inserts, chaufferies collectives, réseaux de chaleur : l'effort demandé aux automobilistes devrait donc être employé pour augmenter l'utilisation chaleur de la biomasse pour remplacer du fioul qui est du carburant ; aujourd'hui la production de biocarburant est du gaspillage. Lorsque les possibilités d'utilisation de la biomasse comme source de chaleur seront exploitées, on pourra produire du biocarburant avec de nouveaux procédés qui permettent d'utiliser toute la biomasse (biocarburants de "seconde génération"). Voir ici.

Il serait possible de remplacer 40 % de notre consommation actuelle de carburant avec du biocarburant en améliorant la situation environnementale - selon une étude  faite par l'IDDRI et publiée dans les cahiers du CLIP de septembre 2009 on peut envisager une production de 90 millions de tonnes sèches de biomasse agricole et de taillis à courte révolution ; le choix des cultures et des essences et les rotations de culture permettront d'améliorer la situation environnementale par rapport à aujourd'hui (consommation d'eau, nitrates et phytosanitaires). Cette étude suppose que le biocarburant sera produit sans apport d'énergie externe. Avec apport d'énergie externe la production de biocarburant peut dépasser 20 Mtep, soit 40 % de la consommation actuelle.  L'équilibre entre biocarburant et propulsion électrique pourrait limiter les besoins en biocarburant à 14 Mtep. Voir le nouveau  scénario de référence. Il sera possible de produire plus de biocarburant sans augmentation de la capacité nucléaire si l'on utilise les capacités de production disponibles hors saison froide.

Une Europe de l'énergie : comme la situation est différente d'un Etat membre à l'autre et comme l'énergie est une affaire qui concerne la sécrité publique et les affaires étrangères, une "Europe de l'énergie" peut se construire sur le même mode que l'Europe de la défense ou l'Europe de Schengen - avec les "coopérations structurées" prévues dans le traité de Lisbonne. Voir ici . Et quelle sera la place de l'Union eurropéenne dans une vaste négociation entre grandes puissances ?


Quelques mots sur la morale : la morale dépend du statut de l'acteur. Peut-on parler de morale sans "faire la morale " ? Essayons. Une même personne peut être dans deux situations différentes, ce qui ne simplifie pas le tableau.
- Le monde en général (autrement dit « l’humanité ») cherchera à éradiquer la grande pauvreté, à éviter les conflits et à ne pas rendre difficile la vie des générations suivantes.
- Une entreprise doit chercher à faire du profit en respectant la loi.
- Un Etat  poursuit les objectifs d'intérêt général (sécurité publique, ordre public, santé publique,  cohésion et solidarité sociales, justice, etc.) en portant atteinte aussi peu que possible à la liberté individuelle et il organise et fait respecter un cadre qui permet aux acteurs privés d'agir efficacement et dans le sens de l'intérêt général ; l'Etat doit souvent prendre des décisions dans l'incertitude ; un Etat s'engage auprès du monde en général et doit respecter ses engagements.
- Un scientifique
  vérifie l'exactitude de ses  affirmations, fait part de ses incertitudes.
- Un journaliste vérifie l'exactitude de ses propos, cite ses sources, montre les ordres de grandeur pour que chacun connaisse l'importance pratique des faits qu'il rapporte.
- Un analyste ou un consultant essaie d'avoir un raisonnement qui se tient, essaie de convaincre mais ne cherche pas à complaire au politique ni à trouver à tout prix de bonnes raisons aux décisions de celui-ci.
- Un groupe de pression non lucratif  affiche clairement ses positions de principe, met légitimement l'accent sur certains faits plutôt que sur d'autres mais respecte les ordres de grandeur et respecte les faits, y compris ceux qui ne vont pas dans le sens de son plaidoyer.
- Une personne privée respecte la loi et se conforme à sa morale personnelle sur laquelle il n'y a rien à dire tant qu'elle respecte la loi ; elle peut avoir conscience que son action individuelle n'a aucun effet mais la décider tout de même selon le principe de Kant.

Une même personne se trouve souvent dans plusieurs situations. Un scientifique qui s'est engagé en politique doit, en tant que scientifique, mettre l'accent sur les incertitudes et, en  tant que politique, éviter que l'incertitude empêche la prise de décision. Un responsable d'ONG qui est en même temps gestionnaire de fonds carbone voudra, en tant que gestionnaire, faire fructifier son fonds et, comme responsable de l 'ONG, montrer les effets funestes de la spéculation. Un analyste qui veut donner des conseils au politique risque de présenter des "analyses" faciles à comprendre mais erronées. Les ONG, formées de personnes privées, pourraient être tentées de rendre obligatoire la morale privée des leurs animateurs. Un journaliste, qui a sa part dans le résultat économique du journal, peut être tenté de ...  Si une personne confond ses propres rôles, le risque existe d'incompréhensions et de dérapages.