" - Ce n'est pas le premier souci des gens"

- Comment donc convaincre ?


On parle beaucoup de l'effet de serre sans doute mais l'on sent aussi un grand scepticisme : comment déboucher sur un programme mondial ; comment convaincre des Chinois qui ont froid de se priver du charbon qui est sous leurs pieds au motif que, s'ils le brûlent, ils réchaufferont l'atmosphère ? Comment convaincre les pays pauvres dont le premier objectif est leur développement éconmiques de se garder d'utiliser une énergie bon marché ? 

Après les conférences de Copenhague et de Cancun, après les atermoiements de la politique nationale, alors que les ménages sont préoccupés par leur pouvoir d'achat et rendus inquiets par les possibles répercussions des changements en cours dans le monde, on doit bien constater que cette préoccupation de l'effet de serre ne se traduit pas dans des décisions et qu'il n'y a pas une grande mobilisation des élus. Il n'est que de voir comment a été supprimée la taxe sur les poids lourds et comment la baisse du prix du pétrole, à la fin de 2014 n'a aucunement été suivie d'une hausse d'un impôt sur le gaz, le fioul ou le carburant.

Alors comment convaincre ?

* Ne pas se raconter d'histoires : ce n'est pas demain qu'il y aura une mobilisation et une gouvernance mondiale sur le sujet ; en tout cas il est prudent d'agir comme si cette gouvernance n'était pas en place. Les objectifs de la conférence de Paris en 2015 sont peu à peu ajustés de façon qu'elle ne passe pas pour un échec.

* Ne pas oublier les ordres de grandeur et les données physiques de base.

* Montrer que c'est possible même si nous sommes seuls et que nous y avons intérêt. 

* Pour cela, esquisser un plan cohérent, concret, pratique, donner des perspectives sur 30 ou 40 ans.

* Tracer une feuille de route avec aussi peu d'incertitudes que possible ; en particulier, effacer l'incertitude sur l'évolution du prix du pétrole en décidant qu'un impôt sur l'énergie fossile sera calculé pour que les prix à la consommation finale du foiul, du gaz et du carburant augmentent régulièrement indépendamment des cours mondiaux du pétrole, du gaz et du charbon.

* Démontrer que tout le monde sera traité de façon équitable ; pour cela fixer des critères simples et compréhensibles par tous : ne pas rendre obligatoires, ne pas financer sur fonds publics des actions qui ne seraient pas économiquement intéressantes si le prix du fioul, le gaz ou le carburant était à un certain niveau fixé par décret. Ce niveau de prix ne dépend pas du prix mondial de l'énergie fossile.

* Montrer que l'Etat a choisi les méthodes qui conduisent à utiliser les techniques les moins onéreuses  ; cela implique de prévoir une augmentation  de la capacité de production d'électricité nucléaire.

* Montrer qu'alors ce n'est pas très cher.

* Montrer que, même si nous sommes seuls, cela présente des avantages : de la même façon que nous avons eu intérêt à lancer le programme nucléaire, même seuls, dans les années 70 :  ne pas exagérer les avantages sur les créations d'emplois, la pollution, l'aménagement du territoire. Le principal avantage tient à la sécurité d'approvisionnement en énergie alors même que l'énergie fossile sera encore abondante - il faut expliquer ce qui peut apparaître comme un paradoxe.

* Rendre possibles des débats constructifs, sur des faits, sans idéologie ni a priori et sans faire de morale

* Dire quelles sont les principales décisions à prendre : cela peut tenir en une pagemais on peut être plus complet 

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C'est ce que nous faisons
- en présentant un scénario concret 

- en publiant les hypothèses, le détail des calculs, les résultats, les pistes qu'ils ouvrent et les questions qu'ils soulèvent
- en publiant les feuilles de calculs permettant à qui le veut de refaire les calculs à partir de ses propres hypothèses
- en faisant des propositions concrètes et chiffrées (coûts, financement) de politique de l'énergie.

Lisez Trop de pétrole ! (Seuil 2007) où tout cela est présenté de façon organisée comme dans un roman : le monde dispose de deux ou trois fois trop d'énergie fossile ; la régulation sera donc politique, donc sous la responsabilité des Etats. La France  peut agir, même si elle est seule. Cela peut ne pas lui coûter trop cher. Elle a intérêt à agir, même si elle est seule. Le rôle de l'Etat est de dire ce qu'est une action utile et ce qui est inutilement coûteux et de rendre possible tout ce qui est utile. Il dispose des moyens de la réglementation, de la fiscalité et des incitations qu'il utilisera ensemble ; la technique des marchés de permis ne sera utilisée que lorsque les conditions de son efficacité seront réunies. Le cas très particulier de l'électricité. Des chemins pour passer de la situation d'aujourd'hui à la situation future. Le dernier chapitre situe tout cela dans la gouvernance mondiale et la coopération européenne. La conclusion a pour titre : "Si tu veux la paix..." car c'est bien sur ce registre qu'il faut poser et traiter la question de la lutte contre le changement climatique. Lire ici la table des matières et une recension.  Près de dix ans après la parution de ce livre, même si les valeurs numériques doivent être ajustées, les analyses et les propositions sont toujours d'atualité.

Lisez Avec le nucléaire - un choix réfléchi et responsable (Seuil 2012) et Moins de CO2 pour pas trop cher - propositions pour une politique de l'énergie (l'Harmattan 2013)




 
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