Une simulation du marché de l'électricité
avec possibilité d'importation et d'exportation
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Une analyse de la formation du prix : la relation entre le marché français et un marché extérieur, l'Europe sans la France : importations et exportations; exportations qui ont ou n'ont pas d'effet sur le prix du marché français Les variantes : 30 GW de photovoltaïque au lieu de 80 GW (haut de la fourchette prévue par la PPE) ; avec ou sans une priorité donnée à la consommation française pour accéder au nucléaire ; la capacité des interconnexions
- de donner à la consommation française une priorité d’accès au nucléaire ? Le prix sur le marché serait inférieur et les dépenses totales seraient à peu près les mêmes ; la sensibilité au prix du gaz serait moindre : pour le détail des hypothèses et des résultats avec ou sans priorité donnée à la consommation française, voir ici ou voir là . - de porter la capacité photovoltaïque à 80 GW au lieu de 30 GW ? Certainement pas. Si une priorité est donnée à la consommation française, le coût serait de 400 €/tCO2 évité ; sinon il serait de 500 €/tCO2, avec une augmentation des émissions françaises et une plus grande diminution dans les pays voisins. Pour le détail des hypothèses et des résultats avec 30 GW de photovoltaïque, avec une priorité à la consommation française voir ici sans cette priorité, voir ici. - de porter la capacité des interconnexions de 20 à 30 GW ? Cela ne sert à rien et est coûteux.- d’appeler le nucléaire avant l’éolien et le photovoltaïque ? Cela stabiliserait la production nucléaire et coûterait moins de 1 €/MWh. |
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Une
réplique de l'année 2024 et quelques
variantes Ce qui est bien connu est ici analysé et quantifié : l’extrême sensibilité du prix de marché (donc des recettes du nucléaire, de l'éolien, du photovoltaïque, etc.) au volume de consommation, à la variation du climat, . Ce qui est peut-être moins connu : comment les exportations élèvent ou non le prix sur marché français ; dans quelle mesure le prix de marché permet de financer les investissements du nucléaire ; la sensibilité des résultats à la valeur de l’électricité déclarée par les stockeurs qui, par nature, spéculent ; le coût de production (déduction faite de la valorisation des exportations) qui est légèrement inférieur si l'accès au nucléaire est également ouvert à tous, sans priorité aux résidents en France ; de très grandes différences de prix de marché selon la possibilité réglementaire d’exporter : de 20 €/MWh à 80 €/MWh .
Le prix issu du marché de l’électricité, le « prix spot », n’a aucun rapport avec les dépenses totales de chaque moyen de production ou de stockage. Il faut voir ce marché comme il est : il permet de bien utiliser le potentiel de production et de stockage d’électricité tel qu’il est aujourd’hui. C’est un bon moyen de « dispatching », c’est-à dire d’appeler les moyens de production de façon à répondre à la demande en dépensant le moins possible. Comment programmer un parc de production efficace, comment choisir les fournisseurs, comment les financer : le marché de l’électricité n’en dit RIEN. On ne devrait donc pas y attacher trop d’importance. Même des moyennes mobiles de ce prix spot sur quelques années ne donnent aucune indication valable sur le choix des investissements à réaliser. Celui-ci relève d’une approche complétement différente[i]. Quoi qu’il en soit, comme le prix de marché sert très souvent de référence – et fait l’objet de nombreux débats -, pour ne pas se contenter d’observer avec déférence ce que « nous révèle le marché », et comme il dépend de décisions politiques d’une façon qui n’est pas toujours très visible, il m’a paru intéressant d’analyser comment il est déterminé dans l’hypothèse où toutes les ventes se feraient à ce prix[ii]. Cette analyse permet de mesurer, entre autres choses, l’effet sur le prix, donc sur les revenus des divers moyens de production et de stockage de quelques facteurs tels que : la capacité des lignes de transport entre la France et l’extérieur (les interconnexions) ; les modalités de calcul du « péage » perçu sur les exportations ; le nombre d’heures par an où, pour répondre à la demande, il faut une électricité pilotable produite à partir de gaz, d’origine fossile ou non ; l’effet d’une augmentation de la consommation d’électricité en France ; la part respective du nucléaire et des productions intermittentes dans le parc de production ; la limite minimale de production horaire des réacteurs nucléaires ; une baisse accidentelle de la disponibilité des réacteurs nucléaires ; la capacité de stockage et les flexibilités de la consommation et de la production hydraulique. La sensibilité des prix et des revenus à chacun de ces facteurs dont beaucoup sont hors de contrôle et même imprévisibles est telle qu’il est manifestement stupide de considérer que le prix émanant du marché spot puisse guider en quoi que ce soit le choix des investissements. Par ailleurs, la simulation montre à quel point le prix spot et les revenus du nucléaire sont sensibles à la part du potentiel de production nucléaire réservée à la consommation française. C’est probablement là un des principaux enjeux de ce que sera la politique de l’électricité après la fin de l’ARENH[iii] et de l’obligation de consommer en France l’électricité qui bénéficie de son tarif. L'étude - version du 18 mai 2025 [i] La théorie économique montre que dans le cas d’un marché « parfait », le prix qui émane du marché permet de financer les coûts complets de production. Mieux : si le marché de l’électricité était parfait, dans un parc qui ne serait pas optimal, un moyen de production dont la capacité de production serait excessive serait en déficit et inversement, ce qui aurait pour effet de corriger la structure du parc. Sur un marché soit « parfait », l’information est parfaite durant toute la vie des moyens de production, aucun acteur n’a le pouvoir d’agir sur le marché, il n’y a pas de barrière à l’entrée – ce qui est à l’opposé du système électrique. Marcel Boiteux a eu la bonne idée de fixer des tarifs publics qui se rapprochent autant que possible de ce qu’ils seraient sur un marché parfait. [ii] A la fin de 2025, le régime de l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), sera remplacé par un autre qui, selon toute vraisemblance, se référera au prix de marché. [iii] ARENH : accès régulé à l’énergie nucléaire historique
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