Scénario de division par trois de nos émissions de gaz carbonique


Quantités, dépenses et coûts

Les effets sur le revenu des ménages et sur les créations d'emplois


ordres de grandeur - à la fin de 2010

 

Le programme de division par trois en trente ans de nos émissions de CO2 obligera à dépenser, pour économiser et pour consommer de l’énergie, plus que si l’on ne se préoccupait pas de diminuer nos émissions. Cette augmentation des dépenses est le « coût du programme » de division par trois des émissions.

Le coût du programme serai nul si le prix du pétrole était égal à 170 $/bl (supposant que l’euro vaut 1,5 $). Si le prix du pétrole revient à 50 $/bl, le coût du programme sera de 55 milliards d’euros par an (soit 2,2 % de ce que sera le revenu disponible des ménages). Si le prix du pétrole est à 100 $/bl, le coût sera de 24 milliards d’euros par an soit 1 % du revenu disponible des ménages.

 

Un impôt sur l’énergie fossile ne diminuera pas le pouvoir d’achat des ménages mais les incitera à dépenser davantage pour consommer moins d’énergie fossile ce qui diminuera la part de leur pouvoir d’achat disponible pour autre chose que l’énergie.


Les créations directes d'emploi sont de l'ordre de 700 000 emplois. Il est très difficile, voire impossible d'évaluer les créations nettes d'emplois, en tenant compte des emplois qui ne seront pas créés du fait de ce programme de réduction des émissions de CO2.



Le programme de division par trois des émissions, à grands traits
     Les quantités
     Les dépenses à engager
Au sujet du coût de la réduction des émissions ;
hypothèses sur le prix mondial de l’énergie fossile
Le coût du programme de division par trois des émissions selon le prix du pétrole

    Si le prix du pétrole est de 170 $/bl
    Si le prix du pétrole est de 50 $/bl
    Si le prix du pétrole est de 100 $/bl
    Un coût de 1 à 2,5 % du revenu disponible des ménages
Les effets d’un impôt CO2 sur le pouvoir d’achat des ménages
Les créations d’emplois ?
Les destructions d'emplois  lorsque l'électricité renouvelable remplace le nucléaire  




Le programme de division par trois des émissions, à grands traits


Les quantités


Le programme de division par trois en trente ans se présente ainsi, en gros - voir par exemple le scénario de référence ; mais chacun peut faire son scénario selon ses propres hypothèses


Il s'agit de faire passer les émissions de 105 MtC aujourd'hui  à 35 MtC.

Pour calculer les émission évitées, on fait une comparaison, non pas avec la situation actuelle mais avec ce que donnerait une évolution tendancielle.
En évolution tendancielle, toute l’augmentation d’énergie se fait avec des énergies fossiles ; les émissions passeraient à 135 MtC. Il faut donc éviter l’émission de 100 MtC par rapport à la tendance. Dans ce programme,
- la consommation d'énergie par l'industrie n'est pas concernée car l'industrie est soumise à la concurrence internationale

- la consommation d’énergie diminue légèrement par rapport à aujourd'hui, ce qui évite l’émission de 40 MtC dans le transport (véhicules plus efficaces par exemple) et dans le transport

- la production de biocarburant permet d’éviter l’émission de 20 MtC

- l’utilisation d’électricité dans les transports terrestres évite l’émission de 15 MtC

- la production de biomasse pour la chaleur augmente, et évite l’émission de 10 MtC

- l’utilisation d’électricité pour le chauffage : introduire dans l’eau du chauffage central une résistance électrique qui sera mise hors tension pendant les périodes de pointe de consommation (chauffage hybride) évitera l’émission de 2 MtC ; l’utilisation des PAC (pompes à caleur) permet d’éviter l’émission de 13 MtC.

 

Les dépenses à engager pour économiser l’énergie ou pour produire et utiliser une énergie autre que fossile


Je me réfère ici à un indicateur inépendant du prix du pétrole : pour toute décision il existe un niveau de prix à la consommation finale del 'énergie fossile qui rend cette décision économiquement intéressante. Voir : niveau de prix

On fera les hypothèses suivantes :

- Le coût de production du biocarburant est de 950 €/m3 quelle que soit la quantité produite, ce qui conduit à un prix à la pompe de 1,75 €/l.

- L’utilisation d’électricité dans les transports terrestres est intéressante si le carburant coûte 1,75 €/l à la pompe.

- Un chauffage avec une pompe à chaleur coûte moins que ce que coûterait un chauffage au fioul, celui-ci étant au prix de 1200 €/m3 TTC ; le chauffage hybride est intéressant si le fioul est à 900 €/m3 TTC.

- Le coût de la chaleur à partir de biomasse, notamment par réseau de chaleur, est très différent selon la densité géographique des bâtiments à chauffer. Faute de mieux, on supposera que les émissions évitées sont une fonction linéaire du coût de la chaleur.

- Il en est de même pour les économies d’énergie : les quantités évitées dépendent de façon linéaire du montant des dépenses à réaliser pour les obtenir.


Dans la suite, pour simplifier, on confondra fioul et gaz ; et l'on supposera que une tep de fioul, de gazole ou de gaz émet une tonne de carbone -
si l'on tient compte des émissions en amont, c'est vrai pour le fioul et le gazole ; et cela doit être presque vrai avec le gaz si l'on tient compte des fuites (un chiffre qu'il est difficile de connaître) et du pouvoir d'effet de serre du méthane.



Au sujet du coût de la réduction des émissions

Le coût de réduction des émissions est la différence entre deux nombres : ce que l’on dépense lorsqu’on les a réduites et ce que l’on aurait dépensé si on ne les avait pas réduites.

Le coût de la réduction des émissions dépend donc directement du prix de l’énergie fossile tel qu’il est payé par celui qui décide d diminuer ses émissions de CO2.

Il faut donc faire une hypothèse sur le prix de l’énergie fossile achetée par la France.

 

    Hypothèses sur le prix de l’énergie fossile achetée par la France


Comme je le montre ailleurs, dans un monde qui diminue sa demande d'énergie fossile et où les producteurs d’énergie fossile se font concurrence, le prix peut revenir sous 50 $/bl ; dans un monde qui ne prendrait pas de décisions sur les émissions de CO2, le prix connaîtra un pallier vers 100 $/bl ; dans un monde où la demande reste forte mais où les producteurs d’énergie fossile limitent leurs ventes, le prix montera haut. Nous prendrons donc trois hypothèses de coût du pétrole : 50 $/bl, 100 $/bl et 170 $/bl, en supposant que l’euro vaut 1,5 $, et nous supposerons que le prix du gaz et du charbon sont à un niveau équivalent – les utilisations de ces trois énergies se chevauchent suffisamment pour que, sur le moyen et long terme, leurs prix soient corrélés.

Le prix à la consommation finale du fioul et du gazole seraient les suivants.

 

Prix du pétrole

50 $/bl avec 1 € = 1,5$

100 $/bl avec 1 € = 1,5$



Prix du gazole ou du fioul à Amsterdam
500 $/tep
1000 $/tep


Prix du gazole ou du fioul en €/m3   1m3=0,84 tep
280
560


Marge de distribution €/m3
80
80


TIPP  €/m3
430
70


Prix du gazole hors TVA €/l

0,79

1,07



Prix du gazole TTC €/l

0,95 €/l

1,3 €/l



Prix du fioul hors TVA €/m3

430

710



Prix du fioul TTC €/m3

514 €/m3

850 €/m3




Quelques points de repère

 

Prix par m3 TTC

Prix par m3 hors TVA

Prix par tonne hors TVA



Fioul

1200

1000

1190



Fioul

850

710

845



Fioul

520

430

512



Fioul

900

750

895



 

 

Le coût du programme de division par trois des émissions selon le prix du pétrole

 

Les coûts sont hors TVA.

Le coût du programme, on l'a dit, dépend énormément du prix du pétrole, du gaz et du charbon.

Pour évaluer le coût du programme de division par trois des émissions, il  faut comparer à une situation "sans politique CO2". On supposera que, sans ce programme de réduction des émissions, les entreprises et les particuliers prennent les décisions qui sont économiquement intéressantes le prix du pétrole étant ce qu’il est.

 

Si le prix du pétrole est de 170 $/bl


Si le prix du pétrole est de 170 $/bl, le coût du programme de division par trois des émissions sera nul puisque cela coûterait plus cher de ne pas prendre les décisions qui permettent de diviser les émissions par trois.

 

Si le prix du pétrole est de 50 $/bl


La situation "sans politique CO2" est celle qui résulte de l’évolution tendancielle. Il faut donc éviter 100 MtC.


        Energies sans CO2 pour le transport

Le prix « entrée en France » du gazole est de 280 €/m3. Le biocarburant coûte donc plus cher, hors TVA, de 670 €/m3 soit 800 €/tep. On peut assimiler tep et tC. Pour 20 MtC, cela fait 16 G€ (milliards d’euros).


L’utilisation de l’électricité pour le transport sur route génère le même surcoût de 800 €/tep soit, pour 15 Mtep, 12 G€.


Les émissions évitées dans le transport génèrent donc une dépense supplémentaire de 28 G€.

        Energies sans CO2 pour la chaleur

Le fioul coûte, hors TVA, 430 €/m3. L’utilisation de l’électricité pour le chauffage par pompe à chaleur coûte 1000 €/m3 hors TVA. Le surcoût est de 570 €/m3, soit 680 €/tC. Le coût des 13 MtC évitées est donc de 8,8 G€.

Pour l’utilisation de la biomasse le surcoût sera de moitié par tC, soit 340 €/tC. Pour 10 Mtep 3,4 G€.
  

Le chauffage hybride a un coût de 900 €TTC/m3 évité, 750 HT, soit un surcoût par rapport au fioul de 320 €/m3, 380 €/tC ; soit, pour 2 MtC,  0,8 G€.

        Economies d'énergie

Pour les économies d’énergie le surcoût moyen sera de 340 €/tC. Pour 40 MtC : 13,6 G€.


        Au total


Au total, si le prix du pétrole est à 50 $/bl (avec un euro à 1,5 dollar), le programme de division par trois des émissions obligera à dépenser plus que ce qui serait spontanément dépensé sans lui ; la différence serait 28 G€ pour le transport et 27 G€ pour le chauffage, soit 55 G€/an en tout : 850 € par habitant.


 

Si le prix du pétrole est de 100 $/bl :

Dans la situation "sans politique CO2", le prix du pétrole n’est pas suffisant pour rendre intéressants le biocarburant ni l’utilisation de l’électricité pour le transport sur route ; on n’utilise pas non plus de PAC. Mais on aura introduit dans l’eau du chauffage central des logements existants équipés d’un chauffage au fioul une résistance électrique mise hors tension pendant les heures de pointe de consommation d’électricité. Mais, comparé à une évolution "sans politiques CO2" et avec un pétrole à 50 $/bl, on a fait des travaux d’économie d’énergie et l’on utilise davantage de biomasse pour se chauffer.

       Energies sans CO2 pour le transport

Le gazole coûte 560 €/m3 entrée France ; le biocarburant coûte donc, en plus, 390 €/m3 ou 464 €/tC. Le surcoût d’utilisation de l’électricité pour le transport est du même ordre.


Pour le transport, le programme de division par trois des émissions permet une diminution des émissions de 35 MtC ; l'augmentation des dépenses est donc de 16,2 G€.

 

        Energies sans CO2 pour la chaleur
Le fioul coûte hors TVA 710 €/m3. L’utilisation des PAC coûte 1000 €/m3 hors TVA. La différence est de 290 €/m3 soit 345 €/tC. En tout, pour 13 MtC, 4,5 G€.


        Les économies d'énergie dans le transport et le bâtiment

Sur les 40 MtC à éviter par des économies d’énergie (différence entre d'une partla consommation selon l’évolution sans politique CO2 et avec un pétrole à 50 $/bl et d'autre part la consommation selon le scénario de division par trois), une partie est réalisée spontanément car moins coûteuse que l’utilisation de l’énergie fossile ( qui est ici à 100 $/bl). Toutes les économies d’énergie seraient réalisées spontanément si le pétrole était à 170 $/bl. Si son prix est de 100 $/bl supposons que les économies d’énergie spontanées sont égales à 40*(100-50)/(170-50) soit 16,7 MtC. Le fioul coûte, hors TVA, 710 €/m3. La plus coûteuses des méthodes choisies pour éviter des émissions oblige à dépenser 1200 € par m3 de fioul évité, soit 1000 € hors TVA. Le même raisonnement s'applique au transport. En moyenne, les dépenses à réaliser sont donc intermédiaires entre 710 et 1000 €/m3 hors TVA. Supposons qu'elles soient de 855 €/m3, soit un surcoût, par rapport à l’utilisation d’énergie fossile, de 145 €/m3 ou 173 €/tC, cela pour 16,7 MtC. Les dépenses d’économie d’énergie causées par le programme de réduction des émissions sont donc de 2,9 G€.


Pour le chauffage et les dépenses supplémentaires causées par le programme de division par trois seraient donc de 7,4 G€.

 

        Au total
Au total, si le prix du pétrole est de 100 $/bl (l’euro valant 1,5 dollar), le coût du programme de division des émissions par trois serait de 24 G€ par an : 370 € par personne.

 

Un coût de 1 à 2,5 % du revenu disponible des ménages

A titre de comparaison, le PIB français est aujourd’hui de 1900 milliards d’euros. Comme le coût du programme sera supporté par les ménages, il vaut mieux le comparer au revenu brut des ménages, égal aux deux tiers du PIB soit 12 700 milliards d’euros. Si celui-ci augmente en moyenne de 1,5 % par an, dans trente ans il sera de 2400 milliards d’euros. Le coût du programme de réduction des émissions serait de 2,3 % du revenu brut des ménages si l’on suppose que le prix du pétrole est bas (50 $/bl, l’euro valant 1,5 $), de 1 % du revenu brut des ménages si l’on suppose que le prix du pétrole est à 100 $/bl ; il serait nul si la régulation des émissions de CO2 était réalisée par les pays exportateurs d’énergie fossile – ce qui n’est pas l’option à souhaiter !

 

Une variante avec moins de nucléaire que dans le scénario de référence - que l'on peut consulter ici


Si l’électricité est produite à partir de charbon avec séquestration du gaz carbonique, le biocarburant et la propulsion des véhicules par l’électricité coûteront plus cher ; sans doute 200 €/tep, soit pour 35 MtC, 7 milliards d’euros de plus par an.

 

Les calculs ont été faits hors TVA car, en première approximation, on peut supposer que ce programme n’aura pas d’effet sur l’activité totale de la France donc sur la TVA.

 

 

Les effets d’un impôt CO2 sur le pouvoir d’achat des ménages

 

Supposons que l’Etat décide de créer un impôt sur la consommation d’énergie fossile en le calculant de façon que la consommation d’énergie fossile soit divisée par trois. Il restituera aux ménages le produit de cet impôt d’une façon ou d’une autre, par exemple en diminuant d’autres impôts ou des charges sociales.

Son discours officiel sera  le suivant : « je crée un impôt, je vous restitue le produit de cet impôt, donc votre pouvoir d’achat n’est pas affecté ».

Les ménages ressentiront la chose différemment. Comme le prix du fioul, du gaz ou du carburant aura augmenté, ils investiront pour en consommer moins. L’impôt qu’ils paieront sera donc calculé sur une consommation inférieure à ce qu’elle était auparavant ; il en sera de même des sommes qui leur seront « restituées ». Leur pouvoir d’achat ne sera pas modifié, mais la part de ce pouvoir d’achat consacrée à la consommation ou aux économies d’énergie aura augmenté ; donc la part de leur pouvoir d’achat qui restera disponible pour autre chose aura diminué.

Cet effet pourrait être diminué si le programme de réduction des émissions est réellement créateur d’emplois.

 

Les créations d’emplois

 

Le programme de réduction des émissions créera de nombreux emplois en ville et dans la campagne et dans tous les métiers : bâtiments et travaux publics, construction mécanique, génie électrique, équipements publics, urbanisme, automobiles, etc. Le chiffre d’affaire de cette activité nouvelle peut être évalué. Le coût hors impôts du biocarburant sera de 1150 par tonne de carbone évitée ; la production et l’utilisation de l’électricité pour le transport coûteront à peu près autant, soit 40 milliards d’euros. L’utilisation de l’électricité pour le chauffage (pompes à chaleur pour l’essentiel) coûtera à peu près autant, soit, pour 15 MtC, 17,2 Milliards d’euros. L’utilisation de la biomasse pour se chauffer coûtera entre 500 et 1000 €/tC soit 750 €/tC en moyenne pour 10 MtC soit 7,5 G€. Les économies d’énergie, en comparaison avec une évolution tendancielle, coûteront en moyenne 500 € par tC évitée pour 40 MtC, soit 20 milliards d’euros.

Au total l’activité directement générée par le programme de division par trois des émissions sera de 84,7 milliards d’euros. Ce chiffre ne dépend pas du prix du pétrole.

Le PIB est aujourd’hui de 1900 milliards d’euros. Une croissance de 1,5 % par an le porterait à 3600 milliards d’euros. L’activité générée par le programme de division par trois des émissions serait donc de 2,4 % du PIB. On peut en déduire le nombre d’emplois directement créés : 2,4 % de la population active, qui est de 28 millions, soit près de 700 000 emplois.

Mais attention ! Ce ne sont pas des créations nettes d’emplois ! Car les dépenses faites par les consommateurs pour l’énergie ne pourront pas être faites pour autre chose. Ces 700 000 emplois sont des emplois qui ne seront pas créés dans d’autres secteurs d’activité.

Ce seront des emplois créés en France. Certes, mais n’oublions pas que l’argent que nous versons aux pays dont nous achetons des marchandises leur permet de nous acheter d’autres marchandises.

La création d’emplois dépend de facteurs sociaux et économiques généraux qui débordent largement la question du CO2. Tout au plus peut-on penser qu’un puissant mouvement pour diminuer les émissions de CO2 créera des opportunités qui permettront à quelques personnes aujourd’hui au chômage de trouver quelque chose qui leur convient.

Mais il est extrêmement difficile, voire impossible, d’évaluer les créations nettes d’emplois.


Les destructions d'emplois - lorsque l'électricité renouvelable remplace du nucléaire

Comment les énergies renouvelables, remplaçant des centrales nucléaires, détruisent des emplois

Personne ne conteste que pour produire un gigawtt.heure d’électricité (GWh, soit un million de kWh) il faut plus d’emplois à partir d’éoliennes qu’à partir d’énergie nucléaire ; c’est d’autant plus vrai qu’il faut ajouter aux éoliennes ou bien des moyens de stockage énormes et très coûteux ou bien des centrales à gaz ou au charbon pour répondre aux besoins d’électricité lorsqu’il n’y a pas de vent. Donc les éoliennes créent de l’emploi.

Lorsque les consommateurs achètent 1 GWh d’électricité nucléaire, dans leur facture le coût de production pèse pour 40 000 euros environ. Quand l’électricité sera produite par des éoliennes en mer, la production coûtera trois ou quatre fois plus, soit 100 000 € de plus. Il se trouve que, dans l’industrie, la valeur ajoutée moyenne par personne employée est de 100 000 euros. Sans entrer dan les détails, on peut donc penser que cette différence de 100 000 euros permet de rémunérer pendant un an un emploi de plus que lorsque l’électricité est nucléaire. La différence de coût avec le nucléaire est moindre si l’électricité est produite par des éoliennes à terre (qui ne pourront pas beaucoup se développer car elles ne sont pas acceptées) mais beaucoup plus importante pour le photovoltaïque. Retenons donc ce chiffre d’un emploi en plus pendant un an par GWh d’électricité renouvelable, comparé au nucléaire. Cela fait 1000 emplois par térawatt.heure de production annuelle (1000 GWh) et 400 000 empois pour remplacer toute la production nucléaire par des éoliennes. Bravo les écologistes, vous avez créé 400 000 emplois dans la production d’électricité !

Mais l’argent dépensé en plus pour produire de l’électricité éolienne au lieu d’électricité nucléaires n’a pas créé un gigawatt de plus. C’est donc une création d’emplois pour rien – sauf la diminution d’un risque ; j’y reviendrai. Si les consommateurs avaient acheté de l’électricité nucléaire, ils auraient utilisé ces 100 000 euros à autre chose. A quoi ? Peut-être à l’achat d’un appareil électronique produit en Chine. Peut-être aussi à financer des enseignants en particulier pour aider les enfants à la traîne ; ou encore des aides soignantes, ou encore des assistantes maternelles, ou encore des policiers, des gardiens de prison, des chercheurs. Combien ? Le ministre de l’Education nationale nous a dit que la suppression de 16 000 postes d’enseignants diminue les dépenses salariales de son ministère de 380 millions d’euros par an. Les 100 000 euros dépensés en plus permettraient donc de maintenir à leur poste 4 enseignants pendant un an. Le même calcul donnera des résultats du même ordre pour les éducateurs ou des policiers ou encore 2 ou 3 chercheurs. Le « contenu en emplois » de 100 000 euros est beaucoup plus élevé dans les services que dans l’industrie, surtout lorsqu’il s’agit de maintenir des emplois.

Une étude du ministère de l’économie arrive à montrer que les décisions du Grenelle de l’environnement ont un effet positif sur le PIB, c'est-à-dire sur l’activité en France. Mais il faut lire l’étude pour mieux comprendre. Tout d’abord, elle dit que l’effet sur l’activité sera positif les premières années puis négatif – donc à peu près nul au total. Et elle compare un scénario d’importation du pétrole avec un autre où les importations sont réduites. Le surcoût des décisions du Grenelle est partiellement financé par une diminution des importations. Or, ici, il s’agit du remplacement du nucléaire par des éoliennes ou du photovoltaïque, ce qui ne diminue aucunement les importations.

Nous consommons aujourd’hui 400 TWh (400 000 GWh) nucléaires par an. En remplacer la moitié par des éoliennes et du photovoltaïque créerait donc 200 000 emplois nets dans le secteur de l’énergie sans production supplémentaire d’électricité et détruirait des emplois (ou, ce qui revient au même, empêcherait d’en créer) au nombre de 400 000 à 500 000 dans d’autres secteurs fort utiles à notre société.

Et je ne compte pas les emplois qui seront perdus lorsque la hausse du prix de l’électricité aura rendu notre industrie moins compétitive.

Les Ateliers nationaux devaient procurer une activité à ceux qui en étaient privés. Il fallait les occuper quel qu’en soit le moyen, même sans aucune valeur ajoutée, quitte à demander aux uns de faire des trous pour les faire reboucher par les autres. En France, aujourd’hui, les idées d’activité utile ne manquent certes pas ; c’est le moyen de les financer qui fait défaut. Les écologistes se trompent donc complètement en essayant d’imiter cette expérience.

Ils veulent nous épargner le risque du très grave accident nucléaire. Sans minimiser ce risque, on peut tout de même noter qu’après l’accident de Fukushima, jusqu’ici la radioactivité n’a pas causé un décès – si ! Le suicide d’un vieil homme que l’on empêchait de revenir chez lui au motif qu’il avait une chance sur cent de contracter un cancer dans les vingt ans à venir, ou quelque chose comme cela. En cas d’accident nucléaire même très grave le risque de mort est très faible, peut-être nul, car l’accident nucléaire laisse le temps d’évacuer les zones à risque, mais il y a le risque de perdre plus ou moins durablement des centaines ou même quelques milliers de kilomètres carrés de territoire. C’est à la fois très grave et extrêmement peu probable. Ce qui est sûr, par contre, c’est que, quelle que soit la production d’électricité éolienne ou photovoltaïque et quels que soient les efforts d’isolation thermique, toute centrale nucléaire en moins c’est, en France ou ailleurs, du gaz ou du charbon en plus avec tous les dommages et les morts que cela causera assurément.

En tout cas, que l’on cesse de dire que l’électricité renouvelable, remplaçant du nucléaire créera des emplois car c’est faux ! Sauf à avoir des œillères, l’évidence s’impose : l’électricité renouvelable, comparée à l’électricité nucléaire, détruirait des emplois par centaines de milliers.


Texte publié également par Sauvons le climat